Lors de Config 2025, Figma a dévoilé une série d’outils IA qui redessinent les contours du métier de designer. Avec Figma Make, Sites, et Buzz, la plateforme fait bien plus que simplifier la conception: elle donne aux designers les clés de la production. Le design n’est plus une étape : il devient l’expérience livrée.

On entre dans l’ère du vibe coding, où une simple prompt suffit pour transformer une maquette en prototype fonctionnel. Une interface statique peut devenir interactive, animée, publiable en un clic, sans écrire une ligne de code.
Le designer devient son propre développeur – ou presque. Ces 3 categories de produits sont alors disponibles, avec des résultats plus ou moins pertinents:
1. Design-first
Figma prend les devants en outillant les designers pour qu’ils deviennent acteurs du produit fini.
Depuis des années, Canva suit une approche plus grand public, avec ses 150M d’utilisateurs et son écosystème IA Magic Studio et Canva Code pensé pour démocratiser la création interactive.
Problème: Certains aspects essentiels restent souvent négligés : l’accessibilité, le SEO, ainsi que la structure du code. Ces oublis peuvent entraîner une dette technique importante pour les développeurs chargés de reprendre ou maintenir le projet.

2. Code-native
Des outils comme Cursor, Replit, ou Windsurf (ex-Codeium) s’adressent développeurs « front-end » ou « back-end ». L’IA les aide à coder plus vite, plus proprement, à partir de spécifications en langage naturel. Mais ici, l’interface reste secondaire.
Problème inverse pour les designers qui devront tenter d’améliorer l’experience utilisateur et qui risquent de devoir partir de zéro.
3. AI builders hybrides: le meilleur des deux extrèmes?
Des startups comme Lovable.so, Bolt.new, ou v0.dev proposent un chemin direct de l’idée à l’app : un flux « texte ou image → prototype ».
- Rapides et puissants, mais encore limités sur la finesse UX/UI.
- Figma leur conteste le terrain, jusqu’à envoyer un cease & desist à Lovable pour usage de « Dev Mode ».
- v0, mon petit choucou qui permet avec des prompts pertinents de créer des apps MVPs fonctionnelles avec base de données et backend.
- Les acteurs positionnés en PaaS (Platform as a Service) comme Vercel, Hostinger, ou Wix proposent désormais des offres studio spécialement conçues pour les agences, afin de leur permettre de déployer des applications sur du code généré par l’IA.

Le designer, cœur du nouveau workflow
Ce basculement repositionne le design comme le langage central de la création numérique.
Le brief, le prototype, le produit : tout peut désormais émaner du designer. Le transfert vers une équipe dev devient optionnel. C’est une promesse alléchante mais qui comporte certains risques et responsabilités que tous les designers ne pourront pas porter:
- Le code IA est fonctionnel, mais rarement propre à l’échelle.
- Les esthétiques se standardisent, tirées des mêmes datasets.
- L’innovation formelle et l’intention narrative redeviennent différenciantes.
La barrière fantôme du produit fini
Dans ce nouveau paysage, le produit en lui-même n’est plus une protection. Quand il est possible de cloner une app complète en un week-end grâce à l’IA, le fait d’avoir « déjà construit » ne suffit plus à créer de la valeur. L’avantage compétitif devient intangible :
Données exclusives, lien communautaire, finesse d’expérience, et vision éditoriale — autant d’éléments que l’IA ne peut pas reproduire à la demande. »
On appelle cela une barrière fantôme : une illusion de protection autour du code ou du design, qui ne tient plus face à la vitesse de duplication actuelle.
Le rôle du designer augmenté
Dans ce contexte, le designer ne devient pas développeur — il devient opérateur augmenté. Un profil créatif capable d’activer, guider, filtrer et affiner les capacités de l’IA avec intention. Plus que jamais, c’est la vision et la direction créative qui font la différence.